par Richard Splivallo
Notre objectif est de fournir une alternative à la viande à base de champignons, plus écologique et plus saine que les alternatives actuelles à base de plantes. Cela sera réalisé en cultivant du mycélium, la « racine des champignons », et en transformant cette biomasse fongique en substituts de viande comestibles. Les avantages d’une telle approche sont brièvement exposés dans les paragraphes suivants.
Le secteur mondial de la viande traverse actuellement une perturbation sans précédent, principalement due à l’essor des alternatives à base de plantes. Ce mouvement est largement adopté par les flexitariens, des consommateurs qui, contrairement aux végétaliens et végétariens, continuent de consommer de la viande, mais souhaitent en réduire leur consommation pour des raisons éthiques. Cependant, les alternatives végétales à la viande présentent plusieurs limitations : certaines nécessitent une liste complexe d’ingrédients pour masquer des saveurs amères, d’autres contiennent du gluten, beaucoup sont hautement transformées, et elles peuvent contenir des herbicides et des pesticides utilisés en agriculture.
Les champignons, un groupe d’organismes comprenant les levures, les moisissures et les champignons comestibles, offrent des solutions supérieures aux alternatives à base de plantes. En effet, contrairement aux protéines végétales qui nécessitent un niveau de transformation élevé pour acquérir une texture similaire à la viande, les champignons sont naturellement riches en umami et possèdent une texture proche de celle de la viande. De plus, ils ne contiennent pas de saveurs amères nécessitant l’ajout d’ingrédients complexes pour les masquer. Enfin, la biomasse fongique peut être efficacement cultivée sur des sous-produits agricoles, contribuant ainsi à une économie circulaire. Cela démontre clairement les avantages de l’utilisation des champignons par rapport aux plantes pour les substituts de viande.
Pourquoi pensez-vous que votre idée est unique ?
L’idée d’utiliser des champignons comme alternative à la viande n’est pas totalement nouvelle en soi, même si, à notre connaissance, un tel produit n’a pas encore été développé par une entreprise suisse (et nous travaillons sur cela avec la startup Nectariss). Des entreprises étrangères basées aux États-Unis, comme Prime Roots ou Meati Foods, proposent déjà des alternatives à la viande à base de champignons. Cependant, ces entreprises utilisent des ingrédients produits en masse pour cultiver leurs champignons, et c’est là que nous voulons nous différencier. Nous souhaitons utiliser des sous-produits agricoles régionaux afin de mettre en avant les différences de saveurs locales. Pensez à la différence entre une « fondue valaisanne » et une « fondue fribourgeoise » : de la même manière, le même champignon, combiné avec des sous-produits agricoles de différentes régions, pourrait donner lieu à des variations gustatives caractéristiques. Cette approche pourrait, contrairement aux substituts de viande actuels au goût plutôt homogène, préserver les spécificités régionales et ainsi contribuer à l’essor des spécialités locales et du tourisme gastronomique.
Quel segment/marché ciblez-vous ?
Le marché des substituts de viande devrait atteindre 33 milliards de CHF au niveau mondial d’ici 2027. Les consommateurs finaux des alternatives à la viande appartiennent à différentes catégories : les flexitariens (qui mangent de la viande mais souhaitent en réduire leur consommation), les végétariens et les végans, les LOHAs (Lifestyles of Health and Sustainability), un segment de consommateurs sensibles à une alimentation saine, aux initiatives écologiques et au développement durable, et les amateurs de gastronomie (foodies), qui sont passionnés par la découverte culinaire et l’accord mets et vins. Notre approche, qui décline les substituts de viande à base de champignons avec des saveurs locales, pourrait séduire ce dernier segment et ainsi élargir encore davantage le marché potentiel.
En définissant clairement notre segment cible, il est essentiel de reconnaître que plusieurs modèles d’affaires peuvent être envisagés, définissant ainsi différents types de clients. Par exemple :
D’autres modèles d’affaires ou des approches hybrides existent, chacun avec ses avantages et ses inconvénients. Ces modèles devront être testés et validés avec des études de marché et des essais pilotes, notamment en Suisse et dans les pays voisins comme la France et l’Allemagne.
Quels types de recherches sont nécessaires ?
Nous voyons une grande valeur dans le développement et l’adaptation des systèmes de fermentation fongique ainsi que dans l’optimisation du traitement en aval de la biomasse fongique. De plus, il serait essentiel de caractériser de nouveaux isolats fongiques (analyses ADN, microbiologie, etc.).
Quelles compétences supplémentaires seront nécessaires pour faire avancer votre idée et la concrétiser ?
Une usine pilote et des analyses alimentaires seront essentielles pour développer et valider nos procédés.
Quel pourrait être l’impact de votre idée sur la durabilité (économique, sociale, environnementale) ?
Quels Objectifs de Développement Durable (ODD) sont concernés et pourquoi ?